Akitsa - Vestiges Fortifiés

Je ne suis pas de ceux
Qui baissent les yeux, fixent leurs pas
Malgré que de toute morale je suis le gueux
Et de tout credo le rat

Ma tête, qu’elle soit mise à prix
Ou que mon âme ne pèse que peu
Dans la balance, mon parti pris
N’est pas le tien, ni celui de ceux

Pour qui importent l’enfer et le paradis
Je ne choisirai aucune délivrance
Quels que soient les sermons dits
Sur la valeur d’autrui et la différence

Entre le bien, le mal, le rêve et la réalité
Ma sentence je la connais depuis ma naissance
Totalement libre, déchaîné, mais enterré

Entre six pieds de terre et une vie sans importance
Mais je ne suis pas de ceux
Qui baissent les yeux, fixent leurs pas

Malgré que de toute morale je suis le gueux
Et de tout credo le rat

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Rarement se ravive les feu​x​ noy​és par la pluie d'automne
Amours pétrifiés, corps écartelés
Au temps des moissons résonne
L'hymne des éternels condamnés

L'hiver arrive, le blizzard souffle
Couvrant de givre les malaises du gouffre
Cœurs de pierre ensevelis, gelés
Dans un coin noir et oublié

À l'équinoxe vernal
La glace fait place à la boue
L'essence de la terre dégèle et revient au goût
Massacrant les restes de l'espoir vassal

Le sang coula à flot
Sans intermittence
Remplit le cachot
Afin que mort soit sentence

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La chape de plomb
Couvrant le ciel vacillant
Laisse filtrer qu’un rayon
De lumière s’évanouissant

Tel l’espoir ténu
Qu’entretient mon cœur
D’atteindre cette crête au-dessus
De vos pleurs, joies et douleurs

Ô être au sommet du monde
Pour y déverser sans parcimonie
Toute la bile féconde
Accumulée qu’enfin je vomis

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On ignoroit dans leurs retraites
Les noirs chagrins, les vains désirs
Les espérances inquiètes
Les longs remords des courts plaisirs

L'intérêt au sein de la terre
N'avoit point ravi les métaux
Ni soufflé le feu de la guerre
Ni fait des chemins sur les eaux

Les pasteurs, Dans leur héritage
Coulant leurs jours jusqu'au tombeau
Ne connoissoient que le rivage
Qui les avoit vus au berceau

Tous dans d'innocentes délices
Unis par des noeuds pleins d'attraits
Passoient leur jeunesse sans vices
Et leur vieillesse sans regrets

La mort, qui pour nous a des ailes
Arrivoit lentement pour eux
Jamais de causes criminelles
Ne hâtoient ses coups douloureux...

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Mes fortifications et mes murailles
Abîmés, affaiblies et percés
Ne sont plus que féraille
Vestiges de mes ancêtres oubliés

Monde immonde, modernité
Où mon fantôme est ambassadeur
D'un laborieux passé
Idolâtré de mes prédécesseurs

D'innombrables erreurs acquitté​e​s
Que mes contemporains se plaisent à répéter
Participant à un cirque rampant
Qui se mord​ la queue naïvement

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Monoblocs noirs de givre, caillots supersoniques
Arrachant l'harmonie au monde agonisant

Dévalant en aplomb les voies cataclysmiques
D'nos citadelles de lave aux murs incandescents.

En ordre alphabétique, les démons hennissants
Tombant du nord au sud en grappes hallucinées

Fissurent à grands coups rudes toute la réalité
Pour réécrire sans cesse ses moindres fondements.

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